Monsieur
L'un des principaux quotidien du pays, le Mörgendág, a récemment publié l'article d'analyse politique de Hendrík Rávn. Ce dernier concerne principalement le déroulement des élections, mais aussi une biographie complète du nouveau premier ministre du Royaume norrois, Dággeir áv Skeiðarársandur.
Les élections norroises d’août se sont conclues dans une atmosphère d’étonnement. En effet, les sondages de la veille prédisaient plus ou moins la victoire du Hreyfing trúarleg, le parti démocrate-chrétiens (39%) suivi du Lýðræðislegt vinsælast , le parti social-démocrate (32%) dont le premier secrétaire l’ancien premier ministre Stefjen Álstandt s’était éclipsé récemment de la vie politique pour être remplacé par Dággeir áv Skeiðarársandur.
Les partis secondaires tels que le Kommúnista flokkur, le parti communiste (16%) le parti d’extrême droite ultranationaliste Útennorðen (10%) et le parti écologiste, le Græns framboðs (10%), se partagent le reste de l’électorat.
Mais la montée surprenante de l’Útennorðen atteignant près de 20% des sondages exprimés a contribué à la défaite du parti démocrate-chrétien, qui perdit la branche droite de son électorat en faveur de l’extrême droite. Ce qui permet au parti social-démocrate de remporter contre toute attente les élections, augmentant même le score de 2% prévus par les instituts de sondage.
Quant aux partis communiste (12%) et écologistes (4%), ils réalisent un score faible, voire médiocre pour ce derniers. Comment expliquer une telle défaite de ces bords politiques ? Etonnement, ce ne sont pas les socialistes qui ont pris l’électorat communiste mais bien au contraire l’extrême droite ! En effet, le PC a perdu sa popularité du siècle passé, ce n’est plus un parti populiste et ouvrier mais un mouvement intellectuel, écart qui s’est creusé avec la chute du dernier régime communiste, le CED, en 2016. L’ouvrier norrois, qui vit en majorité dans le nord industriel du pays, dans les villes d’Örkney ou de Skhellidge ne voit plus dans le PC un parti capable d’améliorer sa cause. Il se dirige donc vers son inverse, qui plaide le corporatisme dans son programme économique.
Enfin, la véritable déception est le parti écologiste, il réalise un score en baisse de plus de 60% par rapport aux dernières élections, six ans de cela. Difficile de l’expliquer, mais son ancien électorat s’est largement tourné vers le parti socialiste, ce qui a participé à la victoire de celui-ci.
Nous avons donc vu l’improbable la victoire du LV (Lýðræðislegt vinsælast) mais rien n’est pour lui encore gagné : la constitution norroise du 14 avril 1865 prévoit l’élection du premier ministre via la diète qui désigne son président qui, à son tour, désigne le premier ministre. La majorité n’est pas requise, mais cette même constitution n’a rien mentionné à propos des coalitions. Celles-ci ont portés plusieurs gouvernements au pouvoir, en particulier celui d’Árri Sínðægurssón (1956-1968), premier socialiste à la tête du gouvernement du royaume grâce à une coalition avec les partis communistes et verts.
Bien que vainqueur, le parti social-démocrate craint une possible coalition réunissant l’extrème droite aux chrétiens, en effet une partie d’entre eux la souhaitait. Néanmoins le secrétaire du parti chrétien la refuse, laissant volontairement le champ libre aux socialistes.Jonás Lýngvegen est élu président de la diète, il désigne Dággeir áv Skeiðarársandur premier ministre.
Qui est-il ? Lorsque les norrois ont ouvert leurs journaux, ils sont restés étonnés : jamais ils n’avaient entendus parler de Dággeir áv Skeiðarársandur, celui qui pendant les six prochaines années allait les diriger. Tout d’abord, il est né dans la petite ville de Norðurþing le 30 mai 1955. Il a donc 61 ans, plus âgé que son prédécesseur. C’est un homme discret, modeste comme ses origines, bien que nobles (áv étant synonyme de marque de noblesse, comme le de en français). Il fut brièvement ministre des affaires étrangères entre 2008 et 2009 sous le gouvernement Álstandt, puis secrétaire à la diplomatie pendant quatre ans, entre 2012 et 2016. Voilà que savent les norrois.
Alors pourquoi lui ?
Comme je l’ai dit c’est un homme modeste, mais aussi hautement qualifié, il a étudié les sciences politiques à l’université Ægenholm, puis au prestigieux institut Palesberg, à l’étranger, au Polaro, dont il sort parmi les mieux diplômés. Il rentre au Royaume norrois, et devient journaliste au Mörgendág, le second plus important quotidien du pays. Il s’intéresse rapidement à la politique et adhère au Parti social-démocrate à l’âge de 26 ans, en 1971. En 1974, il devient le secrétaire du parti d’un important jarldom du pays, puis en 1988, celui du jarl du Nörðurvæníngen, le jarl le plus peuplé du pays, et le reste jusqu’en 2009, ou il est nommé sous-secrétaire, soit le troisième plus au poste au sein du Parti socialiste. En 2016, non seulement Álstandt se retire de la vie politique, mais aussi son second ! Le voilà à la tête du parti qui va remporter ces élections.
Dággeir est un diplomate talentueux, un politicien et un polyglotte (il parle couramment celte, deltan et lagossien) cultivé. C’est en outre un internationaliste convaincu, bien qu’il rejette les idéologies marxisante, et ne cesse de plaider pour le désarmement mondial.
Hendrík Rávn, 17 août 2016, Mörgendág.
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